Je voudrais partager avec vous un souvenir personnel : celui du livre qui a le plus marqué ma vie. Et j’aimerais beaucoup que vous lisiez cette lettre, parce que je crois sincèrement qu’elle peut vous aider, en tant que parent – comme ce livre m’a aidé en tant que père, mais aussi dans ma vie d’homme.

Ce livre, c’est l’Enquête d’Hérodote.

Bien sûr, si je vous écris, c’est parce que je veux vous convaincre de l’acheter. Et vous pouvez directement vous faire votre opinion en cliquant ici pour feuilleter intégralement l’ouvrage en ligne.

Mais il s’agit d’un projet vraiment original et personnel. Je profite donc de cette occasion pour vous faire part des raisons qui m’ont poussé à le publier, raisons qui sont liées à mes convictions pédagogiques et éducatives.

Pour ceux d’entre vous qui ne le connaîtraient pas, l’Enquête d’Hérodote est le premier livre historique jamais écrit, c’est-à-dire le livre du premier « historien », la première histoire vraie.

Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, un homme a décidé d’écrire une histoire vraie, presque contemporaine : celle de la guerre qui opposa les Perses et les Grecs au Ve siècle avant Jésus-Christ.

Cette histoire qui a eu lieu il y a 25 siècles, vous la connaissez : c’est celle de Marathon, des Thermopyles, de Léonidas et de Xerxès. Combien de films, de séries, de livres ne chantent-ils pas aujourd’hui encore ces héros et ces exploits ? De cette mémoire longue de 25 siècles, nous sommes entièrement redevables à l’œuvre d’Hérodote.

Pourquoi Hérodote a-t-il écrit l’Enquête ? Il le dit lui-même: « Pour que le temps n’abolisse pas le souvenir des hommes et que leurs exploits ne tombent pas dans l’oubli ». Magnifique, n’est-ce pas ?

Hérodote est né au Ve siècle avant Jésus-Christ à Halicarnasse – aujourd’hui Bodrum, en Turquie. Grand voyageur – il est allé en Égypte, en Syrie, à Tyr, en Perse, à Babylone et jusqu’en Ukraine – il finit ses jours à Athènes, à l’époque où y vivaient Périclès, Sophocle et Socrate.

A cette époque fondatrice de notre civilisation, la raison commençait à peine à remplacer la magie, les connaissances à remplacer les croyances, l’histoire à remplacer les mythes, l’éducation à remplacer la coutume.

Hérodote, examinant les causes des guerres qui opposèrent les Perses et les Grecs, sentit en lui le devoir de ne pas porter de jugements a priori sans examiner soigneusement les faits, de se montrer objectif et mesuré, de recueillir des témoignages contradictoires, d’enquêter pour discerner avec certitude le vrai du faux…

Quand j’ai lu Hérodote, j’étais en train de créer la Librairie des Écoles. Je me rappelle même que je le lisais dans le métro, le jour où je suis allé déposer les statuts de l’entreprise à la Chambre de Commerce de Paris, aux Halles !

J’avais donc, comme vous pouvez l’imaginer, la tête pleine des projets éducatifs que je voulais mettre en œuvre dans les manuels que j’allais éditer, et la lecture d’Hérodote donnait corps à mes ambitions, les symbolisait presque. Cette merveilleuse écriture, ces récits édifiants, ces pensées profondes, morales, esthétiques et poétiques qui prennent en compte la complexité et la diversité des cultures, cette volonté scientifique de décrire le monde tel qu’il est, dessinaient pour moi comme un programme pédagogique : fonder la liberté sur une connaissance et une compréhension du monde qui n’en gomment pas l’extraordinaire et le merveilleux.

L’aptitude à la liberté, but ultime de l’enseignement, n’est gagnée que par l’effort, l’humilité, la patience, l’observation, l’examen, l’ « enquête » – mais aussi la mise en contact de l’enfant avec des exemples de vies où la volonté libre, l’inattendu, le merveilleux tissent leur toile.

Tout en lisant Hérodote, je me demandais donc si cette lecture, qui me bouleversait tant, pourrait un jour faire partie des livres que je proposerais aux enfants. Il faudrait bien sûr la simplifier, la raccourcir, ajouter des explications, des notes, l’illustrer de grands dessins et de cartes suscitant le rêve de voyages dans l’espace et le temps.

J’ai mis douze ans à réaliser ce rêve d’une édition d’Hérodote destinée aux enfants. C’est ce livre que vous pouvez feuilleter intégralement en ligne en cliquant sur ce lien. Mais ce que vous ne pourrez pas voir en ligne, c’est la beauté de l’ouvrage physique : cartonné, avec un vernis sélectif sur la couverture, un coupe-fil couleur or, très grand (24 sur 31 centimètres), épais (216 pages d’un très beau papier) ; c’est véritablement un livre à part.

J’ai proposé à Laurent Bègue, auteur jeunesse spécialiste de l’écriture de mythes adaptés aux enfants, à Annie Collognat, agrégée de lettres classiques, auteur de manuels de latin et de grec, à Laci, dessinateur réaliste, passionné et talentueux, à l’éditrice jeunesse Dorothée Rouffiac, de m’aider à concrétiser ce projet qui nous a demandé trois ans de travail. Je les remercie du fond du cœur.

Et d’ailleurs je me pose une question : la violence qui est peinte dans ces récits vous choque-t-elle ? Je pense personnellement qu’elle joue un rôle éducatif important, dans une époque où les enfants subissent passivement la violence avant d’être armés pour la comprendre. Etes-vous de mon avis ? 

Personnellement, je lis Hérodote à mes enfants et cette lecture exigeante alimente nos conversations et anime beaucoup nos repas !

Je ne peux pas imaginer livre plus complet, plus intéressant, plus intrigant pour les enfants d’aujourd’hui. Il a marqué ma vie d’adulte et la vie de mes propres enfants.

 

En quoi l’Enquête d’Hérodote peut-elle aider vos enfants ?

D’abord – je tiens cette idée de Maria Montessori – la réalité intéresse les enfants plus que les contes. Bien sûr, ils ont aussi besoin du merveilleux : les contes et la magie appartiennent à l’enfance comme les mythes appartiennent à l’Antiquité. Mais la première occupation d’un enfant est de se sentir utile, de jouer un rôle dans sa famille et dans le monde, de découvrir qui il est et d’où il vient, et pour cela il doit pouvoir accéder dès que possible à la réalité.

Or ce lien entre le mythe et la réalité est toujours présent dans les récits d’Hérodote. Il essaie de remonter dans le temps, jusqu’aux origines du conflit entre les Perses et les Grecs – ce qui l’amène à évoquer la Guerre de Troie, les princesses Io ou Europe, la folie du roi Crésus…

Je pense que, pour un enfant d’aujourd’hui, ce récit d’Hérodote qui alterne histoire et mythe peut accompagner utilement le passage du monde de l’enfance à celui de l’adolescence, des histoires de l’enfance aux histoires vraies.

Les récits des origines font partie du programme de 6e comme une introduction à l’histoire des civilisations. La lecture d’Hérodote permettra ainsi au collégien de 10, 11 ou 12 ans de percevoir qu’il n’y a pas une rupture nette entre le mythe et l’histoire, mais plutôt une continuité, une transformation lente et incertaine.

 

Une leçon d’histoire par un historien

D’autre part, en lisant Hérodote, le jeune élève de collège comprendra comment l’histoire s’écrit.

Hérodote n’est pas toujours sûr de ce qu’il avance. Souvent, lorsqu’il parle de l’histoire des Grecs eux-mêmes, il sait que son récit est objectif et véridique, attesté par des témoignages formels ; mais, concernant d’autres épisodes ou des pays plus lointains, il a des doutes et il les avoue.

En lisant Hérodote, vos enfants découvriront aussi que les peuples antiques avaient des mœurs étonnantes qui font parfois rire et parfois terrifient ; que la culture, comme la nature, semble procéder par essais et erreurs, jusqu’à ce que certaines coutumes plus bénéfiques que d’autres s’imposent ; que l’humanité, en faisant ces expériences, a souvent, pour ne pas dire toujours, été violente.

Le récit de ces guerres et de ces violences, mis à distances et soumis au regard de l’historien, permettent aux enfants d’aujourd’hui de prendre de la hauteur par rapport à l’histoire contemporaine. Abreuvés souvent malgré eux par l’actualité, la violence et les conflits actuels, nos enfants ont-ils les les références historiques souhaitables pour bien les comprendre ?

Une dernière leçon de l’œuvre d’Hérodote tient à ce que, devant cette mosaïque de peuples, de cités, de régimes politiques, l’auteur s’interroge. Il cherche à discerner ce qu’il y a de remarquable chez un peuple, de condamnable dans un autre. Dans un passage célèbre, il se demande quels sont les inconvénients et les avantages respectifs de la monarchie, de la tyrannie et de la démocratie.

Au total donc, les enfants qui liront dans Hérodote ces récits épiques, ces descriptions exotiques, ces aventures pleines de rebondissements et de complications, ces portraits de héros et de vilains, auront de quoi nourrir singulièrement leur esprit, au-delà même des premières connaissances qu’ils acquerront ainsi de l’histoire grecque.