Chers professeurs, chers parents, J’ai reçu mercredi dernier plusieurs dizaines de réponses à ma lettre sur la méthode de Singapour, qui m’ont beaucoup touché – et je vous en remercie. Je vais prendre le temps d’y répondre individuellement, mais je ne peux pas m’empêcher avant cela, de vous faire partager ces témoignages qui redonnent un peu d’espoir face aux mauvais résultats PISA et TIMSS. Le premier vient d’une école située dans une zone classée REP+ à Saint Denis : « Je tiens à vous remercier infiniment. Votre lettre ne fait que m’encourager à continuer à utiliser cette méthode que j’utilise par ailleurs depuis 3 ans. Je suis entièrement conquise par la méthode de  Singapour ; en effet, comme vous le soulignez, les élèves qui utilisent la méthode de Singapour ont un niveau homogène dans ma classe. Lorsque je leur annonce  qu’on va travailler en maths, voici leur réaction: ” ouais! “. Moi aussi je suis ravie. À part vous remercier du fond du cœur, je ne saurais quoi vous dire de plus. » Un autre témoignage d’une professeur des Yvelines : « J’utilise votre méthode depuis plusieurs années et sur plusieurs niveaux. 
Je suis étonnée par les résultats de la méthode de Singapour. Mes élèves adhèrent immédiatement. Les consignes sont claires, simples et il y a des images qui illustrent chaque notion. » Une professeur expérimentée m’écrit : « Cette méthode est géniale et j’en suis à mon 4ème CP avec… J’espère que cela va continuer… et surtout j’espère pouvoir convaincre ma directrice de poursuivre cette expérience en CE1 l’année prochaine pour assurer ensuite une montée pédagogique! Mon inspecteur l’année dernière m’a observée faire avec surprise et intérêt. Bonne journée et merci pour ce que vous faites. » Cette professeur, qui vient de commencer, semble confiante ! « J’utilise la méthode de Singapour avec mes CP pour la première fois cette année, et j’en suis absolument ravie. Ils progressent en donnant du sens au nombre et, la « gymnastique » intellectuelle proposée par cette méthode, si elle est déstabilisante pour les enseignants en premier lieu, devient vite très structurante. J’ai hâte de voir leurs habiletés en fin d’année, et je suis convertie. » Je dois vous avouer quelque chose Je suis bien sûr ravi de ces témoignages, mais je dois vous avouer quelque chose : quand j’ai publié pour la première fois la méthode de Singapour en 2008, je m’attendais à un succès immédiat ! La qualité de la méthode me paraissait tellement évidente, et l’argument de son efficacité tellement fort que je pensais qu’elle serait adoptée dans toutes les écoles en trois ans ! Dix ans ont passé, et mon espoir a un peu pâli… Pourtant, depuis trois ans, et de façon plus prononcée chaque année, le nombre d’adoptions de classe augmente, les demandes de formation se multiplient. Que s’est-il passé ? Je pense tout simplement que les professeurs ont eu le temps de constater par eux-mêmes l’efficacité de la méthode dans les classes, qu’ils ont pu en parler autour d’eux, à leurs collègues, à leurs conseillers pédagogiques, à leur inspecteur… L’expérience de terrain a donc validé mon pari de départ : la méthode de Singapour marche aussi en France, comme elle a marché dans tous les pays où elle a été adaptée. Mais j’ai appris aussi une chose : la pédagogie s’éprouve sur le long terme. Singapour, qui est un tout petit pays de 5 400 000 habitants, a mis 15 ans à réformer son école. Il a fallu convaincre les professeurs de changer de méthode, les former mais aussi entendre leurs critiques et leurs conseils inspirés par leurs pratiques de classe, avant d’arriver en tête de TIMSS puis de PISA à partir de 1995 et jusqu’à aujourd’hui. C’est quoi, la méthode de Singapour ? Il est impossible de résumer la méthode de Singapour en deux phrases – ou « en trois mots », comme me l’ont demandé certains journalistes ces derniers jours ! Je préfère donc faire la liste des qualités que vous, vous y trouvez en tant que professeurs (ou que parents). Manipulation Certains mettent en avant la manipulation et le passage progressif à l’abstraction, comme Laurence, professeur de CP : « Cette année, j’ai la nouvelle édition que j’apprécie réellement ; j’ai investi dans les cubes et je trouve que la construction du nombre a été beaucoup plus simple cette fois-ci grâce aux couleurs. » C’est également le cas du témoignage de madame Céline Urbain, professeur à Ablon-sur-Seine, diffusé ce matin sur France Inter …ou dans l’article paru dans le Parisien sur l’école Saint Honoré d’Eylau. Résolution de problèmes D’autres utilisateurs sont davantage séduits par le sens des nombres et la construction du raisonnement, comme cette professeur de Bagnolet. « Avec ma collègue de CP, nous nous sommes lancées et nous sommes satisfaites de la démarche d’enseignement auprès des élèves concernant la résolution de problème ainsi que la construction du nombre, le sens des mathématiques, le passage du concret à l’abstraction… » Ou cette mère de famille : « J’ai utilisé la méthode de résolution de problème avec plusieurs copains et copines scolarisés qui ne comprenaient rien, et je me suis rendu compte qu’aucune méthode de résolution des problèmes n’est enseignées en classe !!! Un petit dessin, une méthodologie, un peu d’entraînement et hop ! tout paraît simple !!! Merci de faire en sorte que cette méthode existe et soit diffusée car elle mérite sa place dans les écoles !!! » Démarche explicite Pour beaucoup de professeurs, c’est la démarche explicite qui est essentielle. En effet, dans la méthode de Singapour, il y a certes des séances quotidiennes de manipulation, mais elles sont fortement guidées et cadrées. (C’est personnellement, je l’avoue, mon argument favori). En Grande Section de maternelle, « les séances sont vraiment clé en main, avec des consignes complètes et adaptées aux élèves, progressives. La durée indiquée pour chaque séance est réaliste et adaptée à la capacité d’attention des élèves. Les élèves savent ce qu’ils vont apprendre à chaque séance et ils savent surtout aussi à quoi va leur servir ce qu’ils ont appris. Mes élèves aimaient les maths et attendaient avec plaisir les séances. Même ceux qui avaient de grandes difficultés suivaient et progressaient. » La méthode explicite permet aux élèves de mettre « un haut-parleur sur leur pensée », c’est-à-dire de raisonner à voix haute. Ils confrontent ainsi leurs erreurs, proposent différentes stratégies, ce qui crée une ambiance de classe stimulante, et suscite l’engouement des élèves. « Je me sens enfin comprise dans ma pédagogie des maths. Je retrouve dans le guide pédagogique tout mon ressenti sur l’enseignement des maths à ceux qui n’aiment pas les maths : la verbalisation de tous les actes mathématiques. Et tout se transforme en histoires à raconter ou à inventer. » Une présentation claire Enfin, pour la plupart d’entre vous, le simple fait d’avoir un fichier aéré, simple et accessible est déjà quelque chose de précieux : « Les consignes sont claires, simples et il y a des images qui illustrent chaque notion.
J’ai le sentiment que les élèves en difficulté noyés par les manuels complètement surchargés retrouvent là un sens direct. » ou « J’ai été aussitôt séduite par la simplicité des séances, la non pollution visuelle » et « Je vous avoue qu’au début j’ai trouvé que les exercices faisaient bébé pour les CM, mais les enfants aiment, ma fille de CE2 colorie chaque dessin dans ses temps libres et ses cahiers sont très colorés. » Pour certains, « la méthode de Singapour, c’est la manipulation » ; pour d’autres « c’est la résolution de problèmes » ; pour d’autres encore, « c’est une méthode explicite », etc. Mais en réalité, sa grande qualité est d’avoir trouvé le bon équilibre entre tous ces aspects : la manipulation, l’apprentissage et l’entraînement. Elle crée un rythme ininterrompu de la GS à la 6ème, où tous les aspects des mathématiques sont abordés, approfondis et révisés. Je vous recommande de lire le livre que nous avons publié cette année sur la méthode de Singapour « Enseigner les mathématiques au primaire » : c’est l’ouvrage utilisé par les professeurs singapouriens en formation initiale. Vous y verrez ainsi tous les aspects de la méthode, et les théories pédagogiques sur lesquelles elle se fonde. Nouvelle édition Je tiens à prendre en compte les quelques mails de professeurs s’interrogeant sur la nécessité de la nouvelle édition. Je reviendrai plus en détail sur ce point dans une prochaine lettre, mais je voulais préciser au moins une chose : Cette nouvelle édition que nous commençons à publier cette année pour le CP (et le CE1 paraîtra en mars) est la traduction de la méthode actuellement utilisée à Singapour, c’est-à-dire la méthode qui permet en 2016 à Singapour d’être premier du monde en mathématiques. En effet comme toute bonne méthode, celle de Singapour a évolué, et les manuels singapouriens de 2016 ont changé par rapport à ceux de 1995. Formations Que vous soyez enseignants ou parents, vous êtes nombreux à nous solliciter pour participer à des formations. La multiplication de ces demandes nous oblige à prendre un peu de recul, afin de vous proposer le cadre, les lieux et les dates idéales pour répondre à vos besoins. Nous reviendrons donc vers vous en janvier afin de vous proposer plusieurs sessions de formation libre – sous forme de conférence ou de petits ateliers – pour vous permettre d’y participer le plus nombreux possible. Bien sûr, si vous êtes enseignant, le plus simple reste de se tourner vers votre conseiller pédagogique pour lui proposer de faire entrer cette formation dans le cadre habituel de la formation continue. Pour conclure avec une note d’espoir, et pour tirer une leçon des résultats de PISA et de TIMSS, je vous propose de participer avec nous à un grand renouveau de l’enseignement des maths et des sciences, parce que, comme le dit Albert Einstein : « La folie c’est faire toujours la même chose et s’attendre à un résultat différent. » Bien à vous, Jean Nemo Directeur général La Librairie des Écoles 26 rue Vercingétorix 75014 PARIS 09 72 40 33 11 06 24 73 41 34 www.lalibrairiedesecoles.com PS : Vos témoignages et vos commentaires sont toujours bienvenus, donc n’hésitez pas à nous écrire via le  formulaire de contact